Vous pensez que le syndrome de Diogène est forcément synonyme de logement insalubre ? Détrompez-vous : il existe une forme de syndrome de Diogène extrêmement discrète, voire imperceptible, à condition de ne pas s’y intéresser en profondeur.
Derrière un intérieur parfaitement rangé et nettoyé peut se cacher un véritable problème émotionnel et psychologique : le syndrome de Diogène propre.
Entre l’accumulation compulsive, le besoin excessif de tout contrôler et l’isolement social qui en découle, découvrez comment le Diogène propre peut gâcher la vie des personnes qui en sont victimes.
Quand on évoque le syndrome de Diogène, les mêmes images nous reviennent immanquablement à l’esprit : un amoncellement de journaux jaunis, un sol recouvert d’une montagne de déchets, des excréments enfermés depuis trop longtemps dans des sacs plastique…
Pourtant, il existe une variante plus discrète et méconnue de ce trouble : le syndrome de Diogène propre.
Ici, pas de désordre apparent, ni d’odeur nauséabonde, bien au contraire : les vitres sont impeccables, le sol brille et les objets sont alignés au millimètre dans des placards méticuleusement dépoussiérés.
Certains pourraient même ressentir une pointe de jalousie, voire un soupçon d’admiration, tant la propreté frôle la perfection…
Toutefois, en y regardant de plus près, l’envers du décor est moins séduisant : les objets sont accumulés par centaine, si bien que chaque placard est au bord de l’implosion.
En réalité, la personne souffre d’un trouble d’accumulation compulsive (ou syllogomanie), ce qui génère un stress de tous les instants. Incapable de se séparer des objets en sa possession, cette dernière entasse, encore et encore, tout en essayant de garder le contrôle sur la situation.
Diogène propre : zoom sur les 6 principaux symptômes
Contrairement au Diogène classique où la simple visite du logement suffit à saisir la gravité de la situation, le syndrome de Diogène propre est plus sournois.
En effet, le rangement et la propreté des lieux complexifient le diagnostic, ce qui retarde la prise en charge du trouble.
Invisibles, les symptômes du syndrome de Diogène propre n’en sont pas moins alarmants :
- Une accumulation incontrôlable : entassement d’objets inutiles, de journaux jamais lus, de cartons vides, d’emballages pour les « au cas où ».
- Des blocages psychologiques profonds : la personne est incapable de se débarrasser de ses possessions matérielles, y compris lorsque ces dernières ne sont jamais utilisées.
- Une hygiène irréprochable : en plus de disposer d’une hygiène corporelle parfaite, le logement est entretenu de manière excessive (plusieurs fois par jour, parfois à l’eau de Javel et en retirant les portes et fenêtres pour nettoyer chaque recoin du domicile).
- Un besoin vital de contrôler son environnement : chaque objet dispose d’une place définie. Tout doit être aligné et calibré à la perfection, sous peine de provoquer une grande frustration.
- Un isolement dangereux : du fait de ce besoin excessif de contrôle, la personne victime d’un syndrome de Diogène propre peut développer une phobie du regard extérieur, ce qui la pousse à éviter toute visite.
- Un déni persistant : à l’image du Diogène classique, la personne n’a pas toujours conscience de ses troubles. À ses yeux, son comportement est normal, justifié, voire nécessaire. Après tout, il s’agit de son domicile… et de sa liberté.
Quelles sont les personnes les plus vulnérables face au syndrome de Diogène propre ?
En raison de sa méconnaissance, le syndrome de Diogène propre n’a fait l’objet d’aucune étude scientifique pour analyser les personnes les plus souvent touchées par ce trouble mental.
Il faut donc se référer aux études portant sur le Diogène classique pour comprendre les profils les plus exposés :
- Les personnes de plus de 60 ans, souvent en situation de retrait social, parfois fragilisées par un décès, une séparation ou une perte de sens au moment de la retraite.
- Les femmes : le syndrome de Diogène touche davantage les personnes vivant seules. Or, puisque les femmes vivent plus longtemps que les hommes, ces dernières sont davantage confrontées à des contextes de solitude.
- Les individus présentant des troubles psychiatriques par ailleurs : dans bien des cas, le syndrome de Diogène est une conséquence d’un trouble ou d’une pathologie préexistante (trouble obsessionnel-compulsif, schizophrénie, bipolarité, psychoses…).
- Des personnes ayant vécu des traumatismes affectifs : l’abandon, la maltraitance, la négligence, l’abus, le décès ou l’hospitalisation prolongée sont autant d’événements qui peuvent conduire une personne à attacher une importance abusive (mais compréhensible) aux objets matériels.
Naturellement, toutes les femmes bipolaires d’un certain âge qui viennent de vivre un événement traumatisant ne développeront pas un Diogène propre de manière automatique. Pour autant, la réunion de ces caractéristiques augmente le risque d’en être victime.
Dans la même veine, un homme de 30 ans qui a une vie stable en apparence peut tout à fait présenter des troubles d’accumulation compulsive et se renfermer sur lui-même.
💡Bon à savoir : contrairement à ce que l’on pourrait croire, le syndrome de Diogène propre n’est pas une question d’intelligence. C’est ce que confirment deux études scientifiques menées sur le sujet :
- Étude publiée dans le journal scientifique The Lancet : en examinant 30 personnes atteintes d’un syndrome de Diogène propre, des chercheurs britanniques ont constaté que la moitié des patients disposait d’un quotient intellectuel supérieur à la moyenne.
- Recherche clinique partagée dans la revue scientifique Case Reports in Psychiatry : selon cette étude, les individus à fort potentiel intellectuel sont plus stressés que la moyenne. Cette accumulation de stress peut déboucher sur l’apparition d’un syndrome de Diogène, peu importe sa forme.
Ces deux études convergent sur un autre point : la majorité des individus souffrant d’un Diogène font preuve d’une méfiance accrue à l’égard des autres, ce qui les rend plus vulnérables à l’isolement.
Comprendre les origines du Diogène propre en regardant dans le rétroviseur de sa vie
Le syndrome de Diogène propre ayant des racines psychologiques profondes, il est crucial d’analyser le parcours de vie des personnes qui en sont victimes, en se concentrant notamment sur les axes suivants :
- Le style d’attachement construit pendant l’enfance
- Les éléments déclencheurs à l’âge adulte
Enfance, théories de l’attachement et syndrome de Diogène propre : des premières pistes de réflexion ?
Selon les théories du psychiatre britannique John Bowlby, l’enfance façonne profondément la relation que l’adulte développe avec les objets matériels.
Lorsque les besoins de l’enfant ne sont pas comblés, ce dernier affiche un attachement « insécure » avec ses parents et, plus globalement, avec le monde extérieur.
Plus tard, l’adulte risque de s’enfermer dans les schémas mentaux suivants :
- Il estime qu’il ne peut compter que sur lui-même
- Il fuit la dépendance affective
- Il redoute les interactions sociales, y compris les plus bienveillantes, car il a l’impression qu’il s’agit d’une intrusion dans sa vie personnelle.
Ses relations avec autrui étant délicates, l’adulte a tendance à compenser son besoin d’attachement avec des biens matériels, ces derniers étant plus faciles à contrôler que des relations humaines fluctuantes.
Poussé à l’extrême, chaque objet devient un prolongement de soi, qui rassure et protège. Il est donc aisé de saisir pourquoi les personnes souffrant du syndrome de Diogène propre peinent autant à se débarrasser de leurs objets. Abandonner un bien matériel, aussi anodin soit-il, revient à renoncer à une partie de soi.
Déclencheurs à l’âge adulte : quand les événements de la vie réveillent le syndrome de Diogène propre
La vie n’étant pas un long fleuve tranquille, chaque personne passe par une série de défis à relever et de traumatismes à surmonter.
Nombreux sont les événements susceptibles de dégénérer en Diogène propre. D’ailleurs, la gravité de l’événement en question a peu d’importance sur le déclenchement d’un Diogène, comme le montrent les exemples suivants :
- Déménagement
- Hospitalisation
- Licenciement
- Divorce
- Décès
Autrefois sans importance, les objets peuvent devenir des bouées de secours, des repères lumineux dans la pénombre.
La nécessité de contrôler cet environnement matériel peut devenir vital, à tel point que tout ce qui menace cette illusion de contrôle (tri, désencombrement…) est vécu comme une agression insupportable.
Que vous soyez victime ou inquiet pour l’un de vos proches, il est temps de changer de regard : l’accumulation compulsive d’objets n’est pas un caprice de collectionneur. Il s’agit au contraire d’un mécanisme de défense vital, d’une réponse psychique spontanée et difficilement contrôlable.
Vous êtes fumeur ? Alors imaginez être dans l’obligation de renoncer à une cigarette, laquelle est devenue, au fil des années, davantage qu’un simple plaisir.
Diogène propre : un équilibre fragile entre liberté et protection
Neuro-psycho-gériatre, le docteur Jean-Claude Monfort nous éclaire sur le statut associé au syndrome de Diogène propre : « Ce trouble n’est pas reconnu comme une maladie à part entière, mais comme un style de vie extrême ». La raison ? Les causes et les symptômes du Diogène propre étant très variés, la pose d’un diagnostic objectif s’avère particulièrement délicate.
Dès lors, le dilemme suivant se pose : comment aider une personne atteinte d’un Diogène propre en faisant preuve de tact, de bienveillance et de respect ?
Pour y parvenir, il faut trouver l’équilibre subtil entre les deux aspects contradictoires suivants :
- D’un côté : le respect de la liberté individuelle
Chacun a le droit de vivre comme il l’entend, même si son mode de vie semble excessif ou marginal aux yeux des autres. Au même titre que l’isolement, l’accumulation extrême d’objets relève de choix personnels.
- De l’autre côté : l’obligation de porter secours
Sous peine d’être plongés dans une profonde culpabilité, les proches ont souvent envie d’intervenir pour lutter contre cette situation préoccupante. En effet, en plus des risques physiques encourus, les comportements typiques du Diogène propre constituent des signaux d’alerte psychologiques.
3 conseils pour aider un proche souffrant du syndrome de Diogène propre
Ouvrir les placards d’une personne atteinte d’un syndrome de Diogène propre peut suffire à cerner l’ampleur du phénomène.
Chez les proches au courant de la situation, l’instinct de protection est parfois si puissant que ces derniers souhaitent réagir au plus vite.
En effet, pour les proches éloignés des impacts psychologiques du Diogène propre, la solution est toute trouvée : il suffit de jeter les affaires accumulées pour créer de l’espace.
Attention : même guidée par l’amour et la protection, une intervention si brutale provoquera à coup sûr des dégâts psychologiques significatifs chez la victime. Sans compter que les relations entre les proches à l’origine de cette intervention et la victime risquent de prendre du plomb dans l’aile.
Alors, comment s’y prendre ? Voici 3 modestes conseils pour accompagner au mieux un proche confronté au syndrome de Diogène propre.
Conseil n°1 en cas de Diogène propre : prendre le temps de restaurer la confiance
Accompagner une personne engluée dans un syndrome de Diogène propre implique de faire preuve de patience et de diplomatie. Avant tout passage à l’action, il est crucial de restaurer une confiance mutuelle avec son proche, souvent fragilisée par le repli sur soi.
Voici un tableau qui recense l’état d’esprit et les discours à adopter et, au contraire, ceux à éviter au maximum :
✅ À faire | ❌ À éviter |
Partager des moments simples sans exprimer d’arrière-pensées (exemples : un café, une balade) | Tenter de convaincre avec des arguments logiques ou médicaux |
Être présent régulièrement, avec douceur et discrétion | Multiplier les critiques ou les jugements sur son environnement |
Écouter sans interrompre, accueillir le récit sans interprétation | Intervenir dans son espace sans son accord explicite |
S’adapter à son rythme et à son monde intérieur | Lui mettre la pression ou insister pour qu’elle “change” ou “comprenne” |
Valider ses émotions, même si elles semblent en décalage avec la réalité | Ignorer ou minimiser ses peurs, son attachement à ses objets |
Créer un lien sur la durée, sans poser de conditions | Poser des ultimatums ou menacer de faire appel à des services extérieurs |
Montrer un intérêt sincère pour elle, au-delà du “problème” | Réduire la personne à son comportement ou à son diagnostic |
Conseil n°2 contre le syndrome de Diogène propre : s’entourer de professionnels pour éviter d’être démuni
Même avec toute la bonne volonté du monde, vouloir régler la situation en solitaire est déconseillé à plusieurs titres :
- En agissant seul(e), vous risquez de vous épuiser, ce qui s’avérera contre-productif pour votre proche.
- En endossant seul(e) le costume du sauveur, vous mettez en péril la qualité de la relation avec votre proche.
- Les blocages psychologiques étant multiples et complexes, votre proche doit absolument bénéficier d’une prise en charge médicale.
Naturellement, pour bénéficier d’un accompagnement médical, encore faut-il que la victime soit consciente de la situation et, si c’est le cas, soit disposée à consulter un professionnel de santé.
En mobilisant d’autres membres de son entourage, votre rôle est donc crucial : instaurer un lien de confiance suffisamment solide pour inciter votre proche à se faire aider, tout en contournant l’éventuel déni dans lequel il est plongé.
Une fois ce premier pas de géant réalisé, l’aide de plusieurs professionnels pourra être sollicitée :
- Le médecin traitant effectue un premier état des lieux de la situation psychologique et médicale du patient.
- Un psychologue ou un psychiatre prendra le relais pour accompagner le patient à accepter son Diogène propre et, si besoin, l’orienter vers une thérapie comportementale.
Aussi, lorsque le syndrome de Diogène propre s’accompagne d’une mise sous tutelle ou curatelle, un proche ou un professionnel pourra être nommé afin de protéger quotidiennement les intérêts de la victime.
Conseil n°3 en cas de Diogène propre : organiser un tri progressif et consenti
Jugé à tort comme la solution miracle pour lutter contre le syndrome de Diogène propre, le tri des objets doit être réalisé dans un second temps. Si vous estimez que votre proche n’est pas suffisamment en confiance pour s’attaquer à cette épreuve, le tri doit impérativement être reporté.
Lorsque la personne est prête à faire de la place dans son logement, plusieurs règles doivent être respectées :
- Classez les objets en fonction de leur valeur affective : en agissant de la sorte, vous aurez une idée précise des affaires à trier en priorité.
- Commencez par de petites actions : au lieu de réaliser un grand ménage sur un week-end, encouragez votre proche à vider un tiroir, un coin de placard ou un carton peu chargé d’un point de vue émotionnel.
- Évitez la stigmatisation ou les arguments rationnels : au moment de trier tel ou tel objet, évitez les injonctions de type « tu n’en as pas besoin » ou « tu ne l’as jamais utilisé », lesquelles risquent d’activer des mécanismes de défense contre-productifs.
- Libérez la parole : pour une personne atteinte d’un Diogène propre, toutes les affaires conservées racontent une histoire. En laissant votre proche s’exprimer, ce dernier sera plus enclin à réaliser le deuil de l’objet en question.
En bref, rien ne doit être imposé, tout doit être proposé. Une fois le consentement de la personne recueilli de manière éclairée, il est possible de passer à la vitesse supérieure en contactant une entreprise spécialisée dans le désencombrement de logement.
Habituée à intervenir dans ces contextes délicats, Merci Débarras vous propose une intervention bienveillante, discrète et sécurisée.
FAQ : Comment notre entreprise assure le succès d’un débarras en cas de Diogène propre ?
Atteint d’un Diogène propre, je ne suis pas prêt(e) à tout jeter : quelle est votre approche ?
Consciente des enjeux émotionnels d’un débarras en cas de Diogène propre, notre équipe s’attache à respecter vos choix avec rigueur et bienveillance.
Avant toute intervention, une visite gratuite de votre logement est organisée. Il s’agit d’une occasion idéale pour nous indiquer les affaires à débarrasser, celles qui font toujours l’objet d’une réflexion de votre part et celles à conserver absolument.
Dois-je obligatoirement être présent(e) le jour du débarras Diogène ?
Le jour J, vous pouvez tout à fait assister au désencombrement de votre logement, mais ce n’est pas une obligation. En effet, votre présence peut générer un stress intense et un sentiment d’intrusion difficile à supporter.
Pour vous protéger, plusieurs alternatives s’offrent à vous :
- Confier vos clés à un proche ou un professionnel de confiance
- Envoyez les clés de votre domicile par la poste
- Transmettre vos clés en main propre, notamment si vous habitez proche de notre cellule commerciale (Harnes).
Le nettoyage est-il compris après le débarras en cas de Diogène propre ?
Pour répondre à vos exigences de propreté, chaque débarras Diogène est suivi d’un nettoyage complet des lieux.
Compris dans le devis, ce coup de propre comprend l’aspiration et le lavage :
- de la salle de bains ;
- des WC ;
- de la cuisine ;
- des sols ;
- des vitres.